Suzanne et La Mère portent en elles de manière universelle et intemporelle une forme de la condition féminine. « Une désespérée de l’espoir même »
Studio Hébertot
De Marguerite Duras Adapté par Anne Consigny Mis en scène par Anne Consigny Avec Anne Consigny Assistante mise en scène : Cécile Barreyre Conception Lumière : Patrick Clitus Costume : Cidalia Da Costa Conseillère Artistique : Pascale Consigny Production : ACDC Productions
1931, en Indochine Française, une femme vit seule avec ses deux enfants, Joseph et Suzanne (20 et 16 ans) sur le littoral. Elle travaille dans un cinéma comme pianiste durant 15 ans, elle perd toutes ses économies en une nuit et sombre doucement dans la folie. Ses enfants la portent et la supportent. La violence de leur rapport n’a d’égal que leur tendresse. « Une désespérée de l’espoir même. »
Anne Consigny donne de l'âme et de la grâce à cette terrible histoire de colons et de colonies, de vies perdues et de désillusions navrantes. Étrangement, elle incarne la mère et la fille comme les deux faces d'une même difficulté d'être femme. Mais sans plainte, avec une force obstinée. Elle qui avait superbement interprété Duras aux côtés d'Emmanuelle Riva dans Savannah Bay en possède les lourds et lancinants secrets. Elle danse ses personnages.
Avec un chapeau de paille et un escabeau pour tout décor, la comédienne s’attache à des fragments de cette invraisemblable aventure, à cette lutte pour la survie, sur une terre hostile, où de riches colons côtoient les moins favorisés. Elle parvient, avec la magie des mots et sa présence, à les rendre présents, proches, dans leur nudité de personnages.
Passée par la Comédie-Française, Anne Consigny a adapté, met en scène et joue, bouleversante, « Un barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras. Sensible, tout en nuances, elle donne vie à tous les personnages avec un art délié, subtil.
Une petite robe à fleurs, un imperméable, un escabeau, quelques notes de musique, une boule à facette, la magie opère. Les scène finement orchestrées, les ambiances évoluent par vagues, au fil du récit. Les voix masculines comme celles de Monsieur Jo riche héritier sino-cambodgien, les voix féminines résonnent, et laissent entendre le courage d'une femme qui n'aurait pas dû mourir… symbole de toutes les résistantes. Un beau moment de théâtre, émouvant.
Une plongée dans l'intimité de l'âme en forme de combat politique.
Anne Consigny réussit à construire une passerelle entre la Duras d'avant Duras et celle à jamais installée dans son art. Ce mélange alchimique d'intelligence et de sensibilité qui se dessine annonce pour Anne Consigny qu'elle a trouvé son texte de référence, celui où tout son art va s'épanouir pour que jaillisse une évidence absolue : elle appartient désormais à ces actrices d'exception que Duras permet d'adouber. On pense bien sûr à Madeleine Renaud, Bulle Ogier ou Jeanne Moreau.
Anne Consigny nous offre un très beau spectacle en nous faisant entendre la très langue de Marguerite Duras. Elle nous fait voyager aux temps des colonies où la petite histoire rencontre la grande Histoire. La conjugaison de ce chef d’œuvre avec le talent de conteuse d’Anne Consigny est un pur bonheur.
La performance d’Anne Consigny est remarquable de simplicité et d’efficacité. Peut-être parce qu’elle rend au personnage de la mère une position très centrale alors que nous avons, depuis L’amant, l’habitude de prendre le parti de la fille. Et si bien évidemment la mère demeure celle dont on ne connaîtra même pas de prénom, elle n’est plus au second plan. Le moindre des mouvements de la comédienne obéit à une chorégraphie précise qui a pleinement son sens. La tragédie est là, qui va broyer la famille et dont personne ne sortira indemne. Pourtant il y a des notes d’humour qui émergent : Une idée est toujours une bonne idée, … même si …
Un escabeau, un chapeau de paille, un jeu de lumières suffisent à nous transporter dans cette contrée et cette époque lointaines ! Dans un jeu très précis, incarnant tous les personnages, la comédienne fait vibrer la narration de ce texte terrifiant et sublime.
Un seule en scène magistralement orchestré par Anne Consigny, qui nous transmets la beauté de l’écriture de Marguerite Duras, sa saveur. Elle est la narratrice et va habiter chaque personnage, s’habiller de leurs émotions et de leur corporéité. Elle les fait dialoguer, danser devant nous. Nous les voyons, les identifions, nous nous identifions à eux. Nous découvrons leur personnalité, leur jeunesse insouciante et leur mère à travers eux. Nous entrons dans leurs âmes en plein Pacifique face à la mer.
Lumineuse, subtile, glissant d'un personnage à l'autre avec fluidité, Anne Consigny bouleverse.
Anne Consigny les endosse tous à tour de rôle, passant de l’un à l’autre avec une épatante fluidité, et offre une nouvelle vitalité à ce Barrage contre le Pacifique qui, 74 ans après sa publication, résonne toujours aussi fort.
Habitée par les mots de Marguerite Duras, Anne Consigny livre une prestation bluffante dans un seul en scène intimiste mais saisissant.
Dans une pièce poignante à la mise en scène épurée et salvatrice, Anne Consigny incarne les mots de Marguerite Duras.
Anne Consigny arrive à interpréter les quatre personnages avec plus que du talent : du génie pour incarner avec réalisme et poésie des êtres brisés auxquels elle redonne une densité humaine à couper le souffle. Elle sublime le texte de Marguerite Duras aussi dense que difficile à jouer, elle en dépasse le puissant aspect artistique pour le transcender en une fable intemporelle à la portée universelle sur la Condition Féminine. Un moment de grâce théâtral à aller voir absolument pour une performance de comédienne exceptionnelle et pour un message politique et philosophique intense…
Avis Spectateurs
Les avis spectateurs ne sont pas ouverts pour le moment !
Biographies
Anne Consigny a 9 ans, quand elle joue Doña Sept-Epées enfant dans Le Soulier de satin montée par Jean-Louis Barrault. À 17 ans elle sort première du conservatoire national d’art dramatique et est engagée par Peter Brook pour jouer aux Bouffes du Nord La Cerisaie de Tchekov avec Michel Piccoli. Elle intègre la Comédie-Française l'année de sa majorité. En 2004, elle est nominée au César de Meilleure actrice pour Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé. Elle montera les marches de Cannes en Sélection Officielle durant quatre années consécutives au côté de Julian Schnabel pour Le Scaphandre et le Papillon, Arnaud Despléchin pour Un Conte de Noël et deux fois auprès d’Alain Resnais avec Les Herbes folles et Vous n'avez encore rien vu (2007/2012). En 2014, elle revient au théâtre pour jouer Savannah Bay de Marguerite Duras avec Emmanuelle Riva. Pour Paul Verhoeven, dans Elle, elle est nominée au César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 2017. En 2018 elle réalise son premier documentaire, Je prends ta peine, avant de partir à Londres pour jouer une série pour la BBC Trigonometry. (2019) Pour Canal + elle participe à la série Les Revenants de Fabrice Gobert, et Thomas Lilti la distribue dans Hippocrate 2018-2024. En 2024 c’est pour la plate-forme Apple qu’on la découvrira dans une nouvelle série avec Lambert Wilson et Carole Bouquet : la Maison sur le monde de la Haute Couture. En Janvier 2024, elle crée un seule en scène, Un Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras, qu’elle met en scène elle-même.
L'offre Premiers aux Premières
Au Studio Hébertot, les premières représentations de chaque pièce sont à moitié prix uniquement pour les abonné(e) à la newsletter ! N’hésitez plus et abonnez-vous via le formulaire